Journal d'un chambardement

L’Hôpital Joffre-Dupuytren, hôpital gériatrique situé à Draveil (Essonne) dépendant de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, est pris dans une tourmente qui remet en cause jusqu’à son existence même.

Pour la première fois depuis longtemps, le mouvement de révolte des personnels inclut une mobilisation des médecins du site face à des annonces de restructurations avivant les pires craintes.

C’est dans ce contexte, et pour mettre sur la place publique le journal des évènements afin que chacun puisse suivre leur déroulement en connaissance de cause, que le Collectif des Médecins de l’Hôpital Joffre-Dupuytren entreprend la rédaction de ce blog.

mardi 16 mars 2010

On ferme !

Un nouveau collaborateur du blog, Al Fredo, membre également du Collectif Médical de Défense de l'Hôpital Joffre-Dupuytren, se joint à Jo Dupuytren pour s'exprimer ici. Ca fait du bien, du sang neuf, et une verve renouvelée.
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La santé coûte cher. Voilà le problème. La solution ? Fermer des lits, pardi !

Je me suis mis à rêver que cette solution pourrait s’appliquer à d’autres secteurs.

Imaginons certaines fonctions régaliennes. Par exemple, l’Education.

Après tout, il suffit de fermer quelques classes, diminuer le nombre de professeurs, quitte à surcharger çà et là quelques classes, fermer quelques écoles de petits villages connus de personne, et zou !, quelques millions grappillés. Je suis certain que quelques économistes pourront doctement nous expliquer qu’il est très intelligent de réduire l’offre d’éducation afin de réduire automatiquement, et consécutivement la demande d’éducation, et par conséquent, son coût. Fermons, fermons, il en restera bien quelque chose. Ca vous semble absurde ? C’est pourtant exactement ce qui se passe en vrai.

Mauvais exemple, prenons-en un autre. La Justice ? Encore une fonction régalienne.

Ca coûte trop cher, ça aussi. Imaginons qu’il suffirait de fermer quelques tribunaux à droite et à gauche. Quelques cours d’Appel de province, ca ne devrait pas trop se voir. Des greffes, aussi. Ajoutons-y pour faire bonne mesure quelques tribunaux d’Instance. Bon, bien sûr, les listes d’attente vont encore s’allonger, mais quand on voit les délais du train de la justice, quelques mois en plus ne devraient pas changer la donne. Qu’importe si la réforme a été menée sans concertation, les décisions prises centralement très loin de leur exécution, on emballe le tout sous le terme de réforme de la carte judiciaire, ça va passer, personne ne protestera. Sans compter que là encore, la réduction de l’offre de justice va mathématiquement réduire le besoin de justice, non ? Ca semble absurde ? Et pourtant, c’est ce qui se passe, en vrai.

Mauvais exemple. Essayons encore. Le service public de la Poste, tiens.

Voilà un machin bien mal fichu. 36000 communes, un bureau de poste dans chacune d’entre elles. Que de gaspillage. On ferme ! On restructure ! Si mamie 80 ans veut retirer 80 euros, qu’elle aille 80 km plus loin. Ou qu’elle aille dans ce point service de proximité, tenu par l’épicier du village, qui sera certainement très heureux de lui faire crédit pour manger en fin de mois, connaissant le maigre pécule qui reste sur le compte qu’il vient de consulter. La désertification des campagnes est un fait, accentuons-la. Rassurez-moi, c’est absurde ? C’est ce qui a été fait, en vrai.

Je ne prends que de mauvais exemples. Mais la Santé, en voilà un bon, non ?

C’est vrai qu’avec une population qui vieillit, fermer des lits de gériatrie tombe sous le sens. C’est vrai que là encore, réduire l’offre de soins, c’est réduire la demande : moins de petits vieux hospitalisés, c’est plus de petits vieux en bonne santé ! Ce qui se passe actuellement à l’hôpital n’est que la transcription de ce qui se passe dans les autres secteurs du service public. Un désengagement progressif, non pour une meilleure qualité, ni pour une meilleure efficience, mais seulement pour un coût plus bas. C’est absurde, et c’est en vrai.

2 commentaires:

  1. Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

    Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

    Les comédiens ont installé leurs tréteaux
    Ils ont dressé leur estrade
    Et tendu des calicots
    Les comédiens ont parcouru les faubourgs
    Ils ont donné la parade
    A grand renfort de tambour
    Devant l'église une roulotte peinte en vert
    Avec les chaises d'un théâtre à ciel ouvert
    Et derrière eux comme un cortège en folie
    Ils drainent tout le pays, les comédiens

    Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

    Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

    Si vous voulez voir confondus les coquins
    Dans une histoire un peu triste
    Où tout s'arrange à la fin
    Si vous aimez voir trembler les amoureux
    Vous lamenter sur Baptiste
    Ou rire avec les heureux
    Poussez la toile et entrez donc vous installer
    Sous les étoiles le rideau va se lever
    Quand les trois coups retentiront dans la nuit
    Ils vont renaître à la vie, les comédiens

    Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

    Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

    Les comédiens ont démonté leurs tréteaux
    Ils ont ôté leur estrade
    Et plié les calicots
    Ils laisseront au fond du cœur de chacun
    Un peu de la sérénade
    Et du bonheur d'Arlequin
    Demain matin quand le soleil va se lever
    Ils seront loin, et nous croirons avoir rêvé
    Mais pour l'instant ils traversent dans la nuit
    D'autres villages endormis, les comédiens

    Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

    Viens voir les comédiens
    Voir les musiciens
    Voir les magiciens
    Qui arrivent

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